Kinshasa : L’ASADHO demande au Président Félix Antoine Tshisekedi d’ouvrir l’espace civique en République Démocratique du Congo.

L’Association Africaine de défense des Droits de l’Homme, ASADHO en sigle, est vivement préoccupée par les évènements survenus, à Kinshasa, le dimanche 19 mai 2024, du fait de l’attaque de la résidence du Vice Premier Ministre, Ministre de l’économie nationale, Monsieur Vital KAMERHE et du Palais de la Nation, bureau officiel du Président de la République, par des hommes conduits par Monsieur Christian Malanga.
Selon leurs propres déclarations contenues les vidéos prises lors de leur entrée dans le Palais de la Nation, ce groupe d’hommes avait l’objectif de prendre le pouvoir et de mettre en place un autre régime.

L’ASADHO s’inquiète du choix fait par Monsieur Christian Malanga et son groupe d’utiliser la violence pour prendre le pouvoir alors que tous les congolais, au regard de la Constitution actuelle, ont convenu que tout pouvoir s’obtient par la voie des élections. Elle condamne cette tentative de prise de pouvoir par la violence et appelle ceux qui ont des frustrations de quelle que nature que ce soit à les exprimer par des voies démocratiques. 


Elle constate aussi que tous ceux qui revendiquent par des voies démocratiques subissent des représailles de la part de la Police Nationale Congolaise ou de l’Agence Nationale de Renseignement, dans l’indifférence totale des hautes autorités du pays (Président de la République et le Premier Ministre). Ils sont arrêtés, maltraités et mis aux arrêts arbitrairement. Plusieurs cas ont été documentés depuis l’année passée, mais nous mentionnons ici les plus récents :

– En date du 05 février 2024, plusieurs jeunes des mouvements citoyens dont Fred BAUMA et Bienvenue MATUMO respectivement de EBUTELI et de la LUCHA ont été arrêtés et torturés par les agents de l’ANR, en marge de la manifestation organisée, au Palais du Peuple à Kinshasa, par les mouvements citoyens pour commémorer un an de l’occupation de Bunagana par les troupes rwandaises ;

–  En date du 04 mars 2024, les activistes de Goma au Nord-Kivu qui marchaient pour exiger les allégements fiscaux et sociaux ont été arrêtés arbitrairement par la police. Le chargé du réseau de Filimbi, Monsieur Christopher MUYISA était aussi arrêté à cette occasion.

– En date du 20 mai 2024, plusieurs jeunes des mouvements citoyens dont Gauthier KASONGO Joël ITUKA, Tony NDJOLI, Chadrack MUKWEYI, USSEIN, André OKOKA, Didier BOMBA, Eric KABONGO ont été arrêtés pour avoir organisé, à Kinshasa, une marche pacifique contre la vie chère.

–  En date du 22 mai 2024, plusieurs mouvements citoyens de la ville de Goma ont organisé une marche pacifique pour dénoncer la pénurie de l’eau potable dans la ville de Goma.  La manifestation a été réprimée et 4 jeunes (JP MULAGIZI, Héritier NYAMWAMI, Thanks WALAYA et David ISHARA HABAMUNGU) ont été arrêtés et conduits à la Police.


Ces quelques cas montrent de manière claire que l’espace civique est confisqué par le régime Tshisekedi, rendant ainsi toute revendication démocratique difficile. Les citoyens ne peuvent pas utiliser les moyens démocratiques prévus par la constitution pour s’exprimer. Celui qui le fait expose sa vie aux représailles du régime. Nous condamnons fermement cette attitude anti-démocratique du régime de Kinshasa.

Face à ce qui précède, l’ASADHO recommande :

 Au Président de la République de :

– Faire respecter l’article 60 de la Constitution qui dispose que « le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales consacrés dans la Constitution s’impose aux pouvoirs publics et à toute personne » ;

– Ouvrir l’espace civique pour que les citoyens s’expriment librement sur leurs conditions de vie et sur la gouvernance générale du pays ;

 Au Ministre de l’intérieur de :

– Instruire la police pour qu’elle s’abstienne de réprimer et d’arrêter les manifestations pacifiques arbitrairement ;

– Prendre des sanctions administratives contre tous les policiers impliqués dans la répression des manifestations pacifiques.

 Au peuple congolais de :

– Continuer à se battre pour que l’exercice de toutes libertés publiques garanties par la Constitution soit effectif.


                                                                                               Fait à Kinshasa, le 23 mai 2024
                                                                                                          ASADHO


Laisser un commentaire